Alors que le déconfinement approche, des responsables d’entreprises de loisirs ne savent pas encore quand ils pourront rouvrir.
Habituellement, ils procurent détente, rires et plaisir à leurs clients. Mais actuellement, pour eux, au menu c’est plutôt la soupe à la grimace. Eux, ce sont les patrons d’entreprises de loisirs.
Et c’est peu dire qu’ils sont perdus. « Nous, entreprises du loisir, nous sommes les grands oubliés, on ne parle pas de nous ou alors très peu. Dans son discours, Édouard Philippe n’a pas prononcé une seule fois le mot loisir, regrette Jérôme, gérant de l’escape game de Romorantin. Aujourd’hui, on est tous dans l’attente, dans le flou complet. On ne sait pas quand et à quelles conditions on pourra rouvrir. Faudra-t-il des masques, des gants ? Les fournir aux clients ? Refuser l’accès à un client sans masque ? On demande un cadre pour rouvrir, le problème c’est qu’on ne rentre dans aucune case. » Le responsable s’interroge aussi du retour de la clientèle au déconfinement.
Les clients seront-ils au rendez-vous ?
« Est-ce que les gens auront envie de s’enfermer après avoir vécu un escape game géant grandeur nature ? Les joueurs habitués reviendront, mais pour attirer les nouveaux joueurs, ça sera difficile. Pourtant les gens auront besoin de se détendre, et on fera tout pour les accueillir dans les meilleures conditions sanitaires. »
Même constat pour Nawel Makboul, directrice de la Récré des pirates, un parc d’attractions en intérieur situé dans la zone de Plaisance. « On accueille des tout-petits jusqu’à douze ans, difficile à cet âge de respecter les gestes barrières. Alors les familles viendront-elles ? » La responsable dresse le même constat amer d’être laissé-pour-compte par les autorités. « L’État ne parle jamais de nous. On n’a pas d’informations sur la réouverture, on parle de mi-juillet, mais rien de sûr… »
Philippe Fidon, des Saveurs d’antan, est concerné à plus d’un titre avec un restaurant, un bowling et un bar fermés depuis sept semaines. Lui espère pouvoir rouvrir en juin « mais rien n’est gagné. »
Comme ses collègues, il n’a aucune certitude d’avoir des clients lors du déconfinement. « Les jeunes, les trentenaires, les quadras reviendront. Le soir de l’annonce de la fermeture des restaurants, il y avait un monde fou, les gens sont venus même pour vingt minutes pour boire un dernier verre. Mais les autres, comme les anciens le dimanche midi, viendront-ils ? Pas tout de suite, parce qu’ils auront peur. »
Et comme pour les autres, la situation financière s’annonce complexe. « Je sors d’un redressement, heureusement j’avais un peu de trésorerie sinon j’allais au tas. On nous dit de servir une table sur deux, on pourra ouvrir une piste de bowling sur deux… Mais tout cela, c’est un chiffre d’affaires réduit de moitié avec des charges toujours à 100 % ! Il faut que le gouvernement poursuive le chômage partiel, sinon on ira tous au casse-pipe. »
